Cinq ans plus tard, où en sommes-nous?
Avant de lire ce post, merci de prendre connaissance du témoignage mentionné. C’est par ici.
Durant mes quelques années d’exercice, j’ai connu d’autres situations négatives que je pourrais vous exposer. Celle-ci reste la plus marquante. Cette expérience est malheureusement partagée par un grand nombre de soignants comme en témoigne le triste succès du hashtag #BalanceTonEHPAD. Alors maintenant que l’on sait, que pouvons nous faire?
Un problème financier?
Une pétition lancée il y a quelques jours reçoit un formidable écho auprès du public. Au moment ou j’écris ces lignes, ce sont presque 400 000 personnes qui ont signé « Pour la dignité des personnes âgées et pour le respect des soignants ». Des moyens financiers sont demandés afin de répondre aux manques de personnels et ainsi améliorer les conditions de travail, et par conséquent, les conditions de vie de nos aînés.
Le Projet Poisson Rouge soutient cette démarche et vous encourage à signer la pétition (ici).
Est-ce que plus de moyens vont permettre d’arranger la situation? Oui. Est-ce uniquement une question de moyens financiers? Non. Bien sur, le problème est plus complexe.
Les gestionnaires devraient être fiers de gérer des structures offrant un service à des personnes vulnérables. Les soignants devraient être fiers de passer leurs journées à accompagner des aînés en perte d’autonomie. Mais dans une société ou l’âgisme est la norme, cette fierté est parfois remplacée par la honte.
La reconnaissante, clé du changement?
Le secteur de la gériatrie souffre d’une très mauvaise image. L’univers de la gérontologie effraie. Nous avons tous entendu un proche dire « Je n’irai jamais en maison de retraite! ». De plus, les aînés sont parfois présentés comme un poids pour notre économie, pour notre sécurité sociale. Considérés comme « non productifs », ils sont mis à l’écart de la société.
« Si nos aînés nous coutent chers et ne servent à rien, pourquoi s’embêter pour eux? »
La reconnaissance renvoie à la notion de valeur. Que valent nos aînés dans nos sociétés? Par conséquent, que valent les personnes qui les accompagnent au quotidien? Le manque de reconnaissance est l’un des élément important de cette problématique. Cela ne se résout pas seulement avec des moyens financiers. La société civile a aussi une responsabilité en déterminant la place qu’elle donne à ses aînés.
Le mouvement d’indignation qui prend forme aujourd’hui est majeur. La société civile doit exiger une exemplarité dans le domaine de la gérontologie. Nous devons montrer que nos aînés sont important pour nous. Car donner de l’importance à nos aînés, c’est donner de l’importance à leurs soignants.
Bien sur, cette reconnaissance passe également par l’encadrement et par les décisions politiques. C’est une problématique profonde et globale dans laquelle nous avons tous un rôle à jouer.
L’amélioration par l’exemple.
De nombreux témoignages évoquent des conditions de travail difficiles. Ces témoignages dénoncent une réalité qu’il ne faut pas occulter. Pour autant, ces situations restent marginales. Heureusement, il existe des résidences exemplaires ou la maltraitance n’a pas sa place. Ces structures existent et on en parle si peu!
Ce sont toutes ces raisons qui m’ont amené à créer le Projet Poisson Rouge.
Participer à valoriser les aînés, en les montrant sous un autre jour. Partager les projets innovants menés à travers le monde pour nos aînés. Expliquer ces projets afin de donner l’envie aux gestionnaires et aux soignants de s’en inspirer et les intégrer à leurs pratiques. Ouvrir une réflexion sur notre perception de la vieillesse, pour changer notre regard et ainsi mieux se comprendre à travers les âges.
C’est une mission ambitieuse, mais un formidable mouvement est en train de prendre forme.
Ci-dessous, la grève nationale expliquée par Pascal Champvert, président de l’Association des Directeurs au service des Personnes Agées (AD-PA):
EHPAD en grève: Autant de cynisme à l’égard des personnes âgées est insupportable.